Le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier ne peut plus faire de la politique ni de l’activisme politique à visage découvert. C’est l’une des prescriptions de la loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle votée le 13 mars 2025 par l’Assemblée nationale.
En son article 17 alinéa 2, la loi dispose que « le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier ne peut être membre d’aucun parti politique ». L’article 28 précise que « dans l’accomplissement de sa mission, le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier a le devoir d’observer les principes de neutralité, d’impartialité, de réserve et de transparence ».
Ces dispositions sont introduites dans la loi pour asseoir l’autorité de la chefferie traditionnelle en évitant les immiscions politiques. Cela va permettre de préserver la chefferie traditionnelle des influences politiciennes néfastes.
Des sanctions
La loi a prévu des sanctions pour ceux qui ne vont pas respecter ces dispositions qui prônent la neutralité, l’impartialité et crédibilité des rois, des chefs supérieurs ou des chefs coutumiers.
Selon l’article 40, « tout roi, chef supérieur ou chef coutumier menant des activités politiques et/ou partisanes ou ayant des manquements de nature à compromettre ses fonctions de roi, de chef supérieur ou de chef coutumier s’expose aux sanctions suivantes qui peuvent être prononcées à son encontre, en fonction de la gravité du manquement : l’avertissement ; la suspension ; le retrait de l’acte de reconnaissance ».
Des délais pour se conformer
La loi a prévu un délai pour les rois, les chefs supérieurs ou les chefs coutumiers qui sont membres de parti politique avant son entrée en vigueur. Ainsi, l’article 46 stipule que « les rois, chefs supérieurs ou chefs coutumiers qui sont membres d’un parti politique disposent d’un délai de trois mois à partir de la date d’entrée en vigueur de la présente loi pour s’y conformer ».
Le même article a indiqué la voie à suivre pour ceux qui ont un mandat électif. « Cependant, le roi, le chef supérieur ou le chef coutumier qui assume un mandat électif national ou local à la date d’entrée en vigueur de la présente loi conserve son statut jusqu’à l’expiration de son mandat. »
Le cadre est ainsi bien tracé pour donner du poids à la chefferie traditionnelle et la maintenir loin des manipulations politiques et autres manigances.
Votée, la loi n'est pas encore promulguée par le président de la République. Bien qu'elle soit le fruit d'un travail scientifique, menée par un comité technique, la loi adoptée est pour le moment contestée par certains leaders communataires qui estiment que leurs royaumes ont été oubliés. Plusieurs délégations de chefs communautaires ont été reçues à cet effet par le président de l'Assemblée nationale. La loi adoptée reconnaît au Bénin 16 royaumes et 90 chefferies, reparties en 80 chefferies supérieures et 10 chefferies coutumières.
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