Théodore Holo, ex-président de la Cour constitutionnelle du Bénin
Le débat sur la mise en place d’une seconde chambre parlementaire ravive de vieux souvenirs constitutionnels. Invité par Eden TV à réagir sur cette initiative, lundi 10 novembre 2025, Théodore Holo a rappelé que la réflexion sur un Sénat ou un organe similaire remonte aux premières heures de la démocratie béninoise.
« Lorsque nous avions achevé la Conférence nationale, un avant-projet de Constitution avait prévu, en plus de l’Assemblée nationale, un Conseil des anciens », a-t-il expliqué. Ce Conseil devait regrouper, selon lui, « des représentants des chefs traditionnels, des élus des départements et des hauts fonctionnaires dotés d’une certaine expérience ». L’avant-projet envisageait également la création d’un poste de médiateur de la République.
Mais ces propositions n’avaient pas été retenues. « Lors de la popularisation de l’avant-projet, la majorité des citoyens les ont récusées, estimant qu’elles coûteraient trop cher à la République compte tenu de la situation économique du Bénin à l’époque », a rappelé Théodore Holo. Ce choix avait conduit à l’adoption d’un système parlementaire monocaméral, toujours en vigueur aujourd’hui.
Il relève qu’entre temps, le poste de médiateur de la République, lui, a bien vu le jour. Donc, le professeur Holo ne ferme pas la porte à une évolution institutionnelle. « Il n’est pas exclu que la situation actuelle amène à vouloir créer un Conseil des sages ou un Sénat », a-t-il reconnu.
L’ancien président de la Cour constitutionnelle a toutefois préféré rester prudent. « Je ne peux pas me prononcer tant que je n’ai pas pris connaissance du texte portant création de cette assemblée », a-t-il insisté.
Une proposition de loi portée par la majorité parlementaire
Le projet de création du Sénat est une initiative des présidents des groupes parlementaires Union progressiste le Renouveau (UPR) et Bloc républicain (BR). Déposée le 31 octobre 2025, à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’année, la proposition de loi a été confiée à la Commission des lois, qui a validé son examen le 3 novembre.
Les initiateurs souhaitent, à travers une révision de la Constitution, instaurer une période de trêve politique et mettre en place une institution chargée de rapprocher, voire d’arbitrer, les positions politiques divergentes. Le Sénat serait, selon eux, un instrument de concertation nationale favorisant une action publique plus efficace et consensuelle.
L’institution aurait pour mission de veiller à la stabilité politique, à la continuité de l’État et à un débat contradictoire constructif. Elle œuvrerait également à la promotion de mœurs politiques conformes aux intérêts supérieurs de la Nation, à l’unité et à la cohésion nationales, au développement durable et à la paix sociale.
Le futur Sénat serait enfin chargé de renforcer les libertés publiques, la bonne gouvernance et la concorde nationale, dans une perspective de développement humain équilibré et durable.
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