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Crise de l’essence au Nigeria: des clients inhabituels dans les stations à Cotonou

Crise de l’essence au Nigeria: des clients inhabituels dans les stations à Cotonou

Le prix de l’essence aux abords des voies au Bénin a connu une hausse significative du mardi 30 mai au 1er juin 2023. Les revendeurs de l’essence de contrebande pointent du doigt le Nigeria où la fin prochaine des subventions sur le pétrole est annoncée. Dans les stations et services, on sourit. Reportage.

Le prix de l’essence aux abords des voies au Bénin a connu une hausse significative du mardi 30 mai au 1er juin 2023. Les revendeurs de l’essence de contrebande pointent du doigt le Nigeria où la fin prochaine des subventions sur le pétrole est annoncée. Dans les stations et services, on sourit. Reportage.

essence-contrebandeUn étalage d'essence de contrebande à Cotonou (Image d'archives)

Houéyiho aux envirions de 20 h 30 ce jeudi 1er juin 2023. Dans la densité de la circulation à ce niveau, certains motocyclistes s’effrayent un chemin pour échouer à la station d’essence située à quelques encablures du Collège d’enseignement général de Houéyiho. Là, une petite file d’attente s’est déjà constituée avec une vingtaine de motos de tous genres. Le pompiste s’affaire pour satisfaire ces clients quelque peu inhabituels. Au fur et à mesure que des clients satisfaits partent, de nouveaux s'ajoutent à la file.

Comme à cette station-service, d’autres dans la ville enregistrent aussi peu à peu de petites files d’attentes. Car, le prix de l’essence frelatée aux bords des voies a augmenté de façon significative. Le prix d’un litre est passé de 450 à 700, 750 voire 800 FCFA, du mardi 30 au mercredi 31 mai 2023 au Bénin. La tendance est maintenue ce jeudi 1er juin 2023 aux abords des rues de Cotonou. « Je vends le litre à 750 FCFA depuis hier matin (mercredi 31 mai, NDLR) », informe Ernest, un vendeur d’essence frelatée le long de la voie qui quitte le passage à niveau de Houéyiho pour le carrefour Toyota.

Quelques mètres plus loin, sur le tronçon Carrefour Toyata- stade Général Mathieu Kérékou, Paulin dresse son étalage d’essence frelatée. Il confie que dans la matinée du mardi 30 mai, le prix était de 650 chez lui. Mais que depuis mercredi 31 mai au soir, il a fixé son prix à 700 FCFA comme beaucoup d’autres vendeurs. A Akpakpa et à Abomey-Calavi, le prix varie entre 650 à 700 FCFA. L’essence est à 700 FCFA le litre dans les localités de Lobogo, Bopa, Possotomè et Houéyogbé dans le Mono. A Klouékanmey dans le Couffo, c’est à 600 FCFA.

« C’est au Nigéria que le prix a changé »

Les revendeurs rencontrés à Cotonou assurent que la hausse du prix de l’essence de contrebande n’est pas de leur fait. « Ça ne dépend pas de moi », a confié Paulin, un revendeur de carburant aux abords des voies à Cotonou sans en dire plus sur les causes. 

file-attente-station-cotonouUne petite file d'attente à la station d’essence située à quelques encablures du Collège d’enseignement général de Houéyiho, ce jeudi 1er juin 2023 dans la nuit

Le carburant vendu aux abords des voies au Bénin et dans plusieurs autres pays de la sous-région provient du Nigeria. Thomas, revendeur d’essence frelatée rencontré à Aïbatin Dodo, un quartier situé dans le 12è arrondissement de Cotonou, croit savoir que la hausse du prix du carburant observée au Bénin est due à un changement au Nigeria. « C’est là-bas au Nigéria que le prix a changé. Nous, on ne fait que suivre le rythme pour avoir notre part », a expliqué le jeune homme qui commercialise depuis peu le litre d’essence à 700 FCFA.

A en croire le jeune homme, le carburant est désormais vendu à un prix bien supérieur à celui de 200 nairas auquel il était venu au début de cette semaine.

Effets de l’annonce de Tinubu ?

Grand producteur de pétrole en Afrique, le Nigéria est également un importateur de l’or noir. En raison de la défaillance de ses raffineries, le Nigeria échange son pétrole brut estimé à des milliards de dollars contre du carburant importé.  Pour garder un prix artificiellement bas sur le marché, le pays subventionne le pétrole.

A son investiture lundi 29 mai 2023, Bola Tinubu, nouveau président du Nigeria, a annoncé la fin de ces subventions. « Les subventions disparaissent », a annoncé le président Tinubu. « Nous allons plutôt réorienter les fonds vers de meilleurs investissements dans les infrastructures publiques, l'éducation, les soins de santé et les emplois qui amélioreront la vie de nos concitoyens », a expliqué le président nigérian.

bidon-essence-frelateeUn bidon sur lequel est écrit le prix acteul de l'essence de contreband et qui indique un point de vente du carburant à Cotonou

Dans son allocution d’investiture, le nouveau président du Nigeria n’a pas donné de précisions sur la date d’entrée en vigueur de sa décision relative aux subventions. Ce défaut de précision a semé la confusion auprès de la population, provoquant la ruée des automobilistes vers les stations-services.

A la suite de cette ruée, l'équipe de communication du président a précisé que les subventions arrivent à échéance fin juin, décrivant l'achat panique de carburant comme « inutile ». Mais, cela n’a rien changé à la situation.

Mévente dans l’informel, file d’attente dans des stations

Le changement de prix constaté au Bénin a un impact direct sur l’activité de vente de l’essence, qu’elle soit informelle ou formelle. Dans le secteur informel, les revendeurs se plaignent d’une baisse drastique de leur activité. « Depuis mardi après-midi, les clients se font rares », a confié, plaintif, Paulin.

Alain, devant son étalage d’essence vers le Collège d’enseignement général de Vêdoko dans le 10è arrondissement de Cotonou, souligne une baisse de son chiffre d’affaires. « La situation ne nous arrange pas aussi. Depuis que j’ai mis 700 FCFA, je n’ai pas vendu un bidon de 20 litres jusqu’à aujourd’hui. Or lorsque c’est à 400 F ou même 500 F, j’écoulais deux à trois bidons en une journée. Mais, on n’a pas le choix », explique-t-il.

Dans les stations-service à Cotonou, c’est l’effet inverse. Désormais en grand nombre dans la capitale économique du Bénin, et dans les communes environnantes, les stations-service sont de plus en plus fréquentées. Avec la hausse dans le secteur informel, le coût du carburant dans les stations, 650 FCFA le litre, est désormais concurrentiel.

Pour les conducteurs de taxi-motos, « autant aller à la station si c’est le même prix ou presque ».  « Nous, ici, on a remarqué que les motocyclistes surtout les Zémidjans (conducteurs de taxi-motos) viennent de plus en plus à la station depuis deux jours. On enregistre déjà des rangs », témoigne Yvonne, pompiste à une station à Houéyiho.

1 commentaire

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O.R.
il y a 1 an
C'est une nouvelle version de Banouto?
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