Blocage, tension, confusion et dispersion. Ainsi se résume la situation au quartier Gbégamey et dans les encablures de la bourse du travail dans la matinée de ce samedi 27 avril 2024. La bourse du travail étant le point d’une marche de protestation contre la vie chère, initiée par trois organisations syndicales. Le rassemblement était prévu pour 7 h. Mais très tôt, toutes les voies menant à la bourse du travail ont été bloquées par la police. Des policiers équipés de gilet, casques, visières et pickups ont été déployés autour de la bourse du travail.

Un reporter de Banouto a aperçu un groupe de marcheurs dans la zone de l’Enéam, en direction de la Place Bulgarie. Une centaine environ, bâche en main, avec dans le lot Anselme Amoussou, Secrétaire générale de la Confédération des syndicats du Bénin (CSA), l’une des organisations initiatrice de la marche.

Dans leur cheminement, dans les encablures de la Place Bulgarie, ces marcheurs ont été repoussés par la police. La suite ? Situation confuse. Les marcheurs ont été perdus de vue.  Plus tard, on apprend que les manifestants ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène.  Plusieurs manifestants dont des leaders syndicaux ont été arrêtés par la police.

La  marche pacifique a été initiée par trois centrales et confédérations syndicales pour protester contre la cherté de la vie au Bénin. Les organisations syndicales initiatrices de cette marche sont la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) et l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb). L'initiative a reçu l'adhésion d’autres organisations comme la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin). 

Les initiateurs invitaient les populations a exprimé, par cette marche, leur ras-le-bol face face à l’inflation des prix des produits de premières nécessités. En plus de la cherté de la vie, cette marche est initiée pour protester contre les violences policières observées dans le cadre de la répression des infractions au code de la route et les conditions sociales des travailleurs et des populations. Les manifestations vont protester aussi contre « la politique destructrice de l’Etat qui refuse de prendre ses responsabilités pour la hiérarchisation des salaires des travailleurs du secteur privé et parapublic ».

Le rassemblement était prévu à la Bourse du travail à Cotonou à partir de 07 heures du matin. De la Bourse du travail, les manifestants allaient rallier l'Etoile rouge en passant par le grand carrefour de l’Avenue Steinmetz, le carrefour Saint Michel, le grand carrefour de Tokpa et le carrefour Marina. 

Polémique sur la tenue de la marche

La tenue de cette marche a fait objet de polémique en milieu de semaine. Dans un communiqué le jeudi 25 avril 2024, le Préfet du Littoral a reconnu avoir reçu une correspondance portant en objet « déclaration de marche publique pacifique ». Il demande néanmoins aux centrales syndicales de se conformer « aux textes et procédures en vigueur en formulant à l'endroit des autorités compétentes une demande d'autorisation de marche en bonne et due forme et ce dans le délai réglementaire ». 

Malgré le communiqué préfectoral, la marche avait été maintenue. Dans l'après midi du 26 avril, le secrétaire général de la CSA-Bénin, Anselme Amoussou indiquait à nos confrères du journal Le Matinal que « toutes les formalités requises ont été déjà faites ». 

Une séance avec le gouvernement

A l’annonce de cette marche pacifique de protestation, le gouvernement a tenté de négocier. Jeudi 25 avril 2024, les trois confédérations syndicales ont été conviées à une séance d’échanges avec le gouvernement. Cette réunion a été présidée par le ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané. Au cours de cette séance, le gouvernement a exposé aux syndicalistes, les mesures prises contre la cherté de la vie. Il a annoncé l’ouverture des négociations sur les différents points de revendication. La démarche a été saluée par les syndicalistes qui ont néanmoins maintenu la marche.