sport

Mickael Poté : « J'ai des regrets concernant ma sortie de l'équipe nationale »

Mickael Poté : « J'ai des regrets concernant ma sortie de l'équipe nationale »

Après avoir annoncé la fin de sa carrière de footballeur professionnel le mardi 2 juillet 2024, Mickael Poté a rapidement pris un nouveau départ. En août, il a débuté sa carrière d’entraîneur en prenant la direction technique du club nord-chypriote Mağusa Türk Gücü. Fan du FC Barcelone, de Ronaldo R9, de Guardiola, l'ancien attaquant international béninois se livre sans réserves sur sa longue carrière de footballeur, ses souvenirs, regrets, ses envies, l'équipe nationale, sa carrière d'entraineur qui débute, Michaël Poté. C'est à travers un entretien exclusif à Banouto.

Après avoir annoncé la fin de sa carrière de footballeur professionnel le mardi 2 juillet 2024, Mickael Poté a rapidement pris un nouveau départ. En août, il a débuté sa carrière d’entraîneur en prenant la direction technique du club nord-chypriote Mağusa Türk Gücü. Fan du FC Barcelone, de Ronaldo R9, de Guardiola, l'ancien attaquant international béninois se livre sans réserves sur sa longue carrière de footballeur, ses souvenirs, regrets, ses envies, l'équipe nationale, sa carrière d'entraineur qui débute, Michaël Poté. C'est à travers un entretien exclusif à Banouto.

Mickael Poté

Mickael Poté

Bonjour, Monsieur Mickael Poté. Mardi 2 juillet 2024, vous avez annoncé la fin de votre carrière de footballeur professionnel. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?

 

Je suis arrivé à un point de ma carrière où, étant un compétiteur aimant les défis, je ne trouvais plus le projet qui allait me permettre de continuer à m’épanouir en tant que joueur. Les propositions que j’avais ne me convenaient pas. Je ne voulais pas arrêter par obligation. J’ai toujours dit que j’arrêterais par choix, c’est-à-dire pas à cause d'une blessure ou autre. Dieu merci, j’ai pu faire une carrière pleine et j’ai décidé d’arrêter. Je n’ai pas été contraint d’arrêter par la force des choses. C’est une satisfaction.

 

Quel bilan faites-vous de votre carrière de footballeur professionnel ?

 

Je ne retiens que de belles choses : la longévité et le professionnalisme. Le football m’a éduqué, et je dois beaucoup au football. C’est pour cela que j’ai cette reconnaissance envers ce métier. Je me suis toujours senti privilégié. 

 

Il y a du bon et du moins bon, mais je garde vraiment en mémoire les choses positives. 

 

En regardant mon parcours, être un gamin de mon quartier qui, une dizaine, une quinzaine d’années après, se retrouve dans le plus grand stade au monde, le Bernabéu, c’est une réussite. Quand tu mets les pieds là-bas, tu sais que tu as atteint "les étoiles, le sommet", peu importe ce qui se passe derrière. Donc, je retiens du positif, et c’est pour cela que je rappelle que je dois beaucoup au football. C’est ce qui a constitué une grande partie de ma vie.

 

Est-ce que vous regrettez de n’avoir pas joué dans des clubs de premier plan en Premier League, en Liga, en Bundesliga et autres championnats réputés ?

 

(Sourire) J’ai joué la Ligue des champions, et tu me demandes si j’ai des regrets de ne pas avoir joué en Premier League ? Franchement, on veut toujours jouer dans les meilleurs endroits. Mais des regrets, non, des envies, c’est différent.

 

J’avais la possibilité à un moment de ma carrière. Pendant ma longue carrière, j’ai eu des contacts. Si tu me demandes si j’aurais aimé jouer au Barça ou dans les grands clubs, je te dirais oui. Mais ce n’est pas comme si j’avais loupé ma carrière à cause de ça. 

 

Pas du tout. Je n’ai pas joué en Premier League, mais j’ai fait la Ligue des champions. Il y en a qui ont des carrières en Premier League, des amis proches qui n’ont jamais mis les pieds en Ligue des champions. J’ai été contraint de jouer à un haut niveau.

 

Et ce que j’ai appris de ma carrière, c’est qu’on n’est pas obligé de jouer à l’Atlético Madrid pour faire la Ligue des champions.

 

Par contre, un championnat que j’aurais aimé jouer, c’est l’Espagne. Mais je n’ai pas de regrets. Je n’ai pas eu de proposition. Si j’en avais eu, j’en aurais été très content. Moi, je suis un fan du FC Barcelone, fan du football espagnol.

 

S’il vous était donné de changer quelque chose dans votre parcours, qu’auriez-vous changé ?

 

(Un peu hésitant) À un moment de ma carrière, en 2009, le choix de Nice. J’avais Auxerre qui, à ce moment-là, a justement fait la Ligue des champions. Et Nice, quand je suis allé là-bas, cela a été un peu compliqué. Je me suis toujours posé cette question : est-ce que j’ai fait le bon choix d’aller à Nice sachant que j’avais Auxerre qui me voulait ? Fernandez (Jean Fernandez, entraîneur d'Auxerre, Ndlr) m’avait appelé à l’époque, et je me suis focalisé sur Nice, suivant mon coach Ollé-Nicolle. Donc, je me pose souvent cette question.

 

Parlons un peu de votre carrière internationale. Avec du recul, comment appréciez-vous votre carrière avec les Écureuils devenus Guépards du Bénin ?

 

Je garde de très beaux souvenirs, d’autres moins bien. J’aurais aimé finir autrement, par contre. Et ça, je vous le dis franchement. J’ai toujours trouvé dommageable, avec le potentiel qu’on a dans ce pays. Même si les choses s’améliorent, il y a un manque de reconnaissance envers ceux qui ont lutté et se sont battus pour la patrie. J’ai toujours défendu ces idées, étant joueur. C’est peut-être ce petit point noir qui me reste un peu en travers de la gorge. J’aurais aimé que mes frères et moi, anciens joueurs de la sélection, soyons un peu plus honorés. 

Ce n’est pas une question de moyens ou autre, mais de mentalité, de reconnaissance. Ceux qui ont la possibilité de faire aiment être reconnus. Voilà, ce sont ces petites choses qui m’ont un peu titillé. Sinon, à part ça, il y a tellement de bons souvenirs : les qualifications en phase finale de la CAN, mes buts, même s’ils ne sont pas nombreux en sélection. Parce que je suis toujours allé avec un mental de guerrier, c’est-à-dire que je me suis dit que j’allais là-bas pour la patrie, peu importe où je jouais.

 

 

Les souvenirs de la CAN 2019 et l'historique qualification en quarts de finale. Racontez-nous comment vous avez vécu ces moments.

 

Nous, on était tellement confiants pendant les matchs de préparation au Maroc. On n'avait aucun doute. On savait que nous allions faire quelque chose. Donc, parfois, il y a des choses qui se créent comme ça, grâce à un beau travail du coach, Dussuyer (Michel), qui a vraiment su nous amener tous dans le même sens. On était tous en forme, on sortait d’une belle saison. Ça a pris et nous avons été une belle surprise. Ce sont des moments inoubliables.

 

Que pouvez-vous nous dire sur la gestion de l’équipe nationale et de ses matchs durant le temps que vous y avez passé ?

 

Je ne suis plus à l’intérieur. Le Bénin a toujours essayé, chaque année, de faire de son mieux pour s’améliorer dans toutes les structures, notamment dans les championnats locaux, etc. Il y a une continuité. Surtout, il y a cette passation de pouvoir, cette passation de génération, qui demande toujours un certain temps avant de trouver une stabilité. Ce n’est pas évident. On arrive dans une période où tu as des joueurs performants dans leurs clubs, d’autres non, certains ont des clubs et d’autres n’en ont pas. Donc, en matière d’organisation, ça suit son cours pour améliorer les choses.

 

Nourrissez-vous des regrets sur certains aspects de votre vécu avec l’équipe nationale du Bénin ?

 

Pas de regrets, plutôt des remords. Des remords de ne pas avoir fait une Coupe du Monde, de ne pas être allé encore plus loin à la CAN. J'ai des regrets concernant ma sortie de l'équipe nationale, que je n’ai pas appréciée. Ce n'est pas que pour moi, je parle au sens général. Je pense que les choses pourraient se faire un peu mieux, avec un peu plus de reconnaissance, comme ça se fait ailleurs.

 

Quand tu as servi la nation, être honoré donne envie de continuer, pour les jeunes qui viennent. On ne se rend pas compte qu’on doit donner envie. Qu’est-ce qui fait que tu as envie de jouer en équipe nationale ? C’est parce que tu vois des exemples. Si tu dis que c’est comme un club, tu passes, et puis quand tu t’en vas, il n’y a rien de spécial, les joueurs vont hésiter. Cela ne va pas leur donner envie de venir. 

 

Il faut qu’on marque l’histoire. En 2019, quand nous sommes allés loin, cela a marqué l’histoire. Et moi, les jeunes qui venaient disaient : « Je vous ai vus à la CAN, ça me donne envie de jouer avec le Bénin ». C’est comme ça. Quand on voit la France gagner la Coupe du Monde, les jeunes Français ont envie de faire pareil. C’est pareil pour nous, mais ça, nous ne l’avons pas compris. Nous avons fait en sorte que l’équipe nationale, malheureusement, soit comme un club : tu viens, tu passes et puis quand c’est fini, tu t’en vas. C’est la petite tache noire sur le tableau blanc aujourd’hui en équipe nationale. C’est une remarque qui m’appartient.


Envisagez-vous des projets pour aider les jeunes footballeurs béninois ?

 

J’ai mon académie. Actuellement, je nourris une carrière de coach qui est en cours. Donc, tout cela prend du temps. Mon emploi du temps est déjà très chargé. Pas de nouveaux projets en cours, si ce n’est que de performer dans ce que nous faisons déjà.

 

Qu’en est-il du centre de formation de Mickael Poté ?

 

Mon académie est là. Elle va rouvrir ses portes bientôt. Après le COVID, cela a été compliqué, mais nous avons toujours travaillé en amont avec les joueurs de la première génération, notamment Imourane (Hassane) et Mariano (Ahouangbo), qui sont aujourd'hui en équipe nationale. Ils ont été des pensionnaires pendant de nombreuses années dans l’académie. Donc, ça suit son cours.

 

Qu’est-ce qui fait que les Béninois sont moins présents dans les grands championnats que d’autres ?

 

C’est une question de performance, de qualité. Comme je le dis, cela passe par une formation. Aujourd’hui, on n’est pas encore bien structuré en matière d'académie. Au niveau de l'équipe nationale, on n’a pas encore fait rêver. Ce sont toutes ces choses-là qui sont importantes. Aujourd’hui, quand tu as le choix entre un bon joueur camerounais ou ivoirien ayant le même niveau qu’un Béninois, le choix est vite fait. On a davantage confiance sur la durée pour un Ivoirien ou un Camerounais. Souvent, c’est comme cela. Je ne parle pas seulement au niveau de l’Afrique. 

 

Quand tu es Brésilien, même si le niveau n’est pas très relevé, tu te dis : « Ah, c’est un Brésilien. » C’est bête de penser comme cela, mais malheureusement, c'est ainsi. C’est pour cela que je dis qu’il est important de marquer l’histoire. Ça va aider dans tous les sens.

 

Aujourd'hui, Mickael Poté est entraîneur. Quand est-ce que l’idée de cette reconversion est venue ?

 

Écoute, je me préparais déjà, même quand j’étais encore joueur. Parce que je suis passionné par le terrain, et quelle est la meilleure méthode de rester en contact avec le terrain ? Je pense que c’est de coacher. Donc, moi qui suis passionné, j’ai toujours aimé ça. J’aime transmettre. Je suis quelqu’un qui aime partager depuis très longtemps. J’ai appris que j’étais l’un des rares joueurs à avoir ouvert un centre de formation tout en étant en activité (l’Académie Poté Joseph), en 2012, quand j’étais en Allemagne. Cela prouve ma soif de transmettre.

 

L’aventure commence plutôt bien, avec déjà un trophée, un premier match de championnat et une première victoire.

 

Ouais, c’est un bon début. Dieu merci. Après, je ne suis pas encore satisfait à 100 % du contenu. On est encore en phase d’amélioration. Ce n’est pas facile de prendre un groupe qui a eu l’habitude de travailler avec un coach pendant plusieurs années. Donc, tu arrives avec tes idées, mais tu ne vas pas changer complètement la donne. C’est un club qui a été champion avec ces idées. Ce n’est pas évident.

 

C’est un bon début, il faut continuer. Nous avons encore le championnat et deux coupes à prendre. Voilà, j’aime les défis, j’ai gagné des coupes et des médailles. J’aime ça, et en tant que coach, j’espère tirer le maximum de ce que je peux.

 

Quel est le modèle d’entraîneur que vous voulez incarner ?

 

Comme les joueurs, on veut ressembler à quelqu'un. Moi, j’ai toujours été attiré, en tant que joueur, par Ronaldo, le phénomène. C’était mon joueur préféré, mon idole. Tu sais que tu ne peux pas le copier, mais tu essaies au maximum de faire ce qu’il a fait.

 

Sinon, je suis fan du Barça, donc de Guardiola. Mais bon, je crois que Guardiola est unique en son genre. Et parfois, ça dépend de l’effectif que tu as, de plein de paramètres.

 

L’important, c’est d’avoir ta personnalité, ta touche. Avec toutes les expériences que j’ai eues, je m’inspire de tous les coaches que j’ai eus pour transmettre ce que j’ai appris, tant de bon que de moins bon. J’essaie de mettre tout ça en place. Il y a l’aspect tactique, mais aussi l’aspect humain dans ce métier. J’aime bien Guardiola, mais comme je le dis, tu n’as pas le même effectif ni le même vécu. Si j’arrive à faire 0,2 % de ce qu’il a accompli, ce ne serait pas mal.

 

Quel club rêvez-vous d’entraîner ?

 

Moi, je ne parlerai pas d’un club en particulier, mais plutôt d’une compétition. Si c’est un club, je peux dire que j’aimerais coacher l’Olympique Lyonnais, mais si l’Olympique Lyonnais est en dixième division, cela ne m’intéresse pas. Donc, je dirai une compétition. Ce que j’ai fait en tant que joueur, j’aimerais le faire en tant que coach, donc coacher une équipe en Ligue des champions ou à une compétition internationale, pourquoi pas.

 

Rêvez-vous d’entraîner, un jour, l’équipe nationale du Bénin ?

 

Je ne répondrai pas à cette question. Parce qu’on me la pose souvent et ça me fatigue.

 

 

0 commentaire

0 commentaire