Dans l’atmosphère feutrée du camp ivoirien à Marrakech, les sourires ne masquent pas l’exigence. Les séances s’enchaînent avec sérieux et décontraction, reflet d’un groupe sûr de ses forces. Emerse Faé, à la tête de la sélection, perçoit cette sérénité comme un marqueur essentiel. « C’est le fait que je sente les joueurs vraiment impliqués, vraiment concentrés, vraiment investis pour cette mission qui fait qu’on est en confiance », confie le sélectionneur.

La Côte d’Ivoire s’apprête à démarrer la défense de son titre, ce mercredi 23 décembre 2025. Logée dans le groupe F avec le Cameroun, le Gabon et le Mozambique, le champion en titre va débuter sa campagne par le plus petit morceau présumé de la poule mais avec de précieux atouts.

Sacrée au terme d’un parcours renversant il y a deux ans, la Côte d’Ivoire a depuis amorcé un renouvellement mesuré. Sur les 26 joueurs retenus, 12 ont connu le sacre continental, incarnant une mémoire collective précieuse. À leurs côtés, des profils plus jeunes ont émergé sans bousculer l’équilibre. Jean-Michael Seri, doyen du groupe, témoigne de cette continuité. « C’est toujours la même ambiance. C’est une très bonne ambiance avec des joueurs qui ont envie de jouer pour leur nation… une ambiance très bonne qu’on a dans ce groupe-là de génération en génération», assure-t-il.

L’intégration progressive de nouveaux visages nourrit également la dynamique. Guela Doué, désormais installé chez les Éléphants, évoque un cadre de travail structuré. « Ça se passe très bien. L’ambiance est bonne. Les gars sont motivés, disciplinés… On prépare bien les matchs », renchérit Doué. Une stabilité que seul le forfait de Sébastien Haller est venu troubler, sans altérer la cohésion globale.

Parmi les atouts majeurs figure Yan Diomandé. Lancé en sélection à l’automne dernier, l’ailier de 19 ans s’est imposé par sa vivacité et son efficacité. Capable de faire basculer une rencontre par le dribble ou la percussion, il symbolise le rajeunissement maîtrisé de l’effectif. Ses statistiques récentes et son impact en club confirment son statut de pièce maîtresse. Le jeune attaquant flambe en Bundesliga (six buts et trois passes décisives en 14 matches) et pourrait être l'une des attractions de la CAN.

Reste la gestion du banc et des choix forts d’Emerse Faé. Propulsé sélectionneur dans le tumulte, le technicien avance sous observation constante, entre attentes élevées et critiques persistantes. Logée dans un groupe F relevé, la Côte d’Ivoire s’apprête à mesurer la solidité de son projet, portée par un mélange d’expérience, de fraîcheur et d’ambition assumée.

La seule ombre à dissiper par les Eléphants est de lever la malédiction des champions en titre. Rares sont les équipes victorieuses d’une CAN à réussir le doublé dans l’édition suivante. Seuls l’Égypte (1957, 1959), le Ghana (1963, 1965) et le Cameroun (2000, 2002) y sont parvenus. Les Pharaons sont aussi les seuls à avoir vu triple (2006, 2008, 2010).