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CEDEAO : terrible bras de fer entre le Nigéria et le Niger

CEDEAO : terrible bras de fer entre le Nigéria et le Niger

Embarqué dans la dissidence à la CEDEAO, le Niger répond du tac au tac au Nigéria. Les deux pays voisins ont réciproquement fermé leurs espaces aériens aux vols en provenance et à destination de leurs territoires.

Embarqué dans la dissidence à la CEDEAO, le Niger répond du tac au tac au Nigéria. Les deux pays voisins ont réciproquement fermé leurs espaces aériens aux vols en provenance et à destination de leurs territoires.

Entre le Niger et le Nigéria, un bras de fer s’installe. Niamey ferme son espace aérien aux avions en provenance et à destination du Nigéria. C’est un communiqué de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) qui annonce cette restriction décidée par les autorités militaires nigériennes.

 

« L'espace aérien de la République du Niger est ouvert à tous les vols commerciaux internationaux et nationaux du sol à illimité sauf pour les vols commerciaux en provenance ou à destination du Nigéria. »

 

Sont exceptés de cette mesure, « les vols commerciaux qui survolent l'espace aérien du Nigéria sans s'y poser. ». Il est porté à l’attention des navigateurs aériens que « les transpondeur ADS-B et/ou Radar doivent rester allumés pour tout vol s'effectuant dans l'espace aérien de la République du Niger. »

 

Sous sanctions de la CEDEAO après le coup d’Etat du 26 juillet 2023, Niamey avait déjà fermé son espace aérien pour tous les vols militaires, opérationnels et les autres vols spéciaux. Pour cette mesure qui demeure en vigueur, l’ASECNA informe que « ces vols militaires ou spéciaux ne sont permis que sous réserve de l'autorisation préalable des autorités compétentes. »

 

La fermeture annoncée de l’espace aérien du Niger aux vols commerciaux en provenance ou à destination du Nigéria est une réciprocité décidée en réponse à une mesure similaire des autorités d’Abuja. Dans un communiqué en date du 29 janvier,  l'Agence de gestion de l'espace aérien du Nigeria (Nama), a annoncé la suspension de « tous les vols commerciaux » en provenance du Niger ou à destination du Niger, depuis le Nigeria, ainsi que les vols commerciaux « en provenance du Niger et survolant le Nigeria ».  Selon la NAMA, « cette zone d'exclusion aérienne a non seulement été approuvée par le président du Nigeria, Ahmed Bola Tinubu, mais faisait également partie des résolutions adoptées par la CEDEAO lors de son sommet extraordinaire. »

 

Dégât collatéral

Du fait de ce bras de fer des airs entre les deux pays voisins, la ministre allemande du développement  a subi les restrictions imposées par Niamey. De retour d’une visite officielle au Nigéria, elle a vu son vol refoulé par les autorités nigériennes, le mercredi 7 février. Son avion a été interdit d'entrée dans l'espace aérien du Niger que son équipage a dû contourner pour retourner en Allemagne.

 

Un bras de fer qui s’étend

 

Entre le Niger et le Nigéria, la tension diplomatique née avec le coup d’Etat est alimentée par des sanctions que Abuja a jugé idoines. Les autorités nigérianes ont notamment décidé d’une batterie de mesures que les putschistes nigériens désapprouvent.

 

« S'agissant, singulièrement de la responsabilité du Nigeria, le Gouvernement du Niger relève, avec un profond regret, que l'histoire retiendra que les sanctions iniques, illégales, injustes et inhumaines contre le Niger ont été prises sous le leadership du Président de la République Fédérale du Nigeria, Président en exercice de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. », déplorent les militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir au Niger.

 

« Ensuite, aux sanctions irresponsables de la CEDEAO, le Nigéria a, en dépit de nos liens de voisinage et de fraternité, ajouté ses propres sanctions punitives, à savoir : couper la fourniture de l'énergie électrique sans discernement, bloquer l'approvisionnement du Niger en produits pharmaceutiques et alimentaires, etc.

 

Cette attitude empreinte d'amnésie a également conduit le Nigéria qui héberge sur son territoire tous les fugitifs du régime déchu, à s'engager dans une action de déstabilisation du Niger avec la complicité de certains Etats de la CEDEAO appuyés par la France (puissance coloniale) », ont-ils dénoncé dans un communiqué, le 1 février.

 

L’administration Tchiani déclare qu’ « en tout état de cause, le Niger n'a pas de leçon de morale, encore moins de démocratie, de gouvernance ou de patriotisme à recevoir des autorités actuelles du Nigeria. Aussi, le Niger les invite instamment à la retenue et à se ressaisir pour ne pas mettre en péril nos liens séculaires de fraternité qui méritent amplement d'être préservés dans l'intérêt supérieur de nos deux peuples. »

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